En temps de paix, j'imagine, Benghazi devait être une ville, agréable, du moins pittoresque, avec le foisonnement hétéroclite de ses maisons pressées, amas de cubes blancs sillonés de rues à arcades.  Maintenant, les murs des maisons éventrées jonchent les rues.  Les tours des mosquées, écorchées par les obus, montrent des plaies béantes.  L'eaudu port, salie par le mazout de coque émergeant, miroite en reflet malsains, vient lécher les épaves amoncelées sur la rive.

A travers ce désolant bout d'univers évolue un peuple misérables, terne, méfiant, vivant de rapine ou de trafic louche.